Ca y est, je me décide à prendre mon ordi pour vous parler de la Colombie.
Parlez de la Colombie, c’est aussi parler de la fin du voyage... Emotions ! Mais retardons un peu ce moment car la Colombie mérite une attention toute particulière :
Inconscients, me direz-vous ? Vous avez tort. L’inconscient est celui qui n’a pas conscience du danger auquel il s’expose. Téméraire alors ? non point car le téméraire connaît le danger mais n’en a cure, motivé par quelques objectifs informatifs ou mercantiles, voire sensationnalistes.
Nous nous y sommes rendus en toute confiance, ayant eu écho de l’accueil particulièrement chaleureux que les Colombiens réservaient aux touristes. Ayant confiance également en notre « sens de la sécurité », éprouvé dans les nombreux pays déjà traversés.
Nous avons commencé notre visite du pays par une petite halte au sanctuaire Nuestra Señora de Las Lajas, près d’Ipiales. La petite Rosa, sourde et muette se mit à parler par là en voyant l’icône de la Vierge. Pour honorer la Vierge, une imposante église néo-gothique se situe à flan de falaise, couverte d’ex-voto. Cette halte nous valut certainement une protection bien meilleure que le SOAT (assurance véhicule) acheté quelques heures plus tôt au supermarché du coin.
Après une route tout en plein et en déliés (comprendre en virages et en dénivelé) qui nous permit d’apprécier tout notre soûl (300 km en 8 heures) les montagnes verdoyantes et les belles maisons aux pelouses soignées, nous arrivâmes enfin dans la ville du meilleur accueil, Popayan.
Notre réflexe fut d’aller à l’Alliance Française pour obtenir des informations notamment sur un emplacement tranquille. Introuvable ! Heureusement, le responsable de l’institut de langues qui l’avait remplacée savait où elle avait déménagé et prit contact par téléphone avec Yani, notre 1er ange gardien : elle vint à notre rencontre et prit 1 heure de son temps pour nous amener à un parking situé non loin du centre historique, calme, face à la verdure. L’idéal !
Notre 2nd ange gardien fut Luis Eduardo, le gérant de la station service où nous nous étions arrêtés avant d’entrer dans la ville. Nous le retrouvâmes par hasard dans un restaurant et cette rencontre fortuite fit notre bonheur puisque Luis nous fit découvrir tous les secrets de sa ville avant de nous inviter à diner et à dormir chez lui !
Nous quittâmes ainsi Popayan, heureux de nos rencontres et de la découverte d’une ville paisible et pleine de richesses pour le touriste flâneur.
De là, quel délice de circuler sur les routes asphaltées, larges et roulantes (je n’ai jamais été aussi contente de payer un péage !) qui nous menèrent à Darien, sur les bords du lac Calima, haut lieu de kitesurf et windsurf.
Ce fût une semaine de navigation tranquille sur ce lac d’eau douce où le vent monte avec la régularité d’un métronome, dès 9h du matin pour souffler sans discontinuer jusqu’à la tombée du jour. Jean-Christophe profita de l’occasion pour peaufiner sa formation de kite, réussissant en quelques heures à tirer des bords et des bords, grâce aux conseils de Pescao tandis que je chantais ma joie d’enfin tirer des bords au planing en 4.7. Les enfants, eux, jouaient à faire les vagues du Pacifique dans la piscine idéalement située au pied du camping-car. Trop dur !
Puis, il fallut se décider à partir, confiant néanmoins, comme au Brésil, qu’un lieu enchanteur nous attendait non loin de là.
Après une halte infantile au Parque del Café, près d’Arménia, où petits et grands ont pu se distraire tous en même temps grâce aux attractions disséminées dans les champs de café, nous entreprîmes de gravir une côte des plus raides permettant de traverser la sierra et d’accéder à Bogotá.
Jean-Christophe couvert de sa casquette « tour de Guyane 2012 » repère le parcours
Ce ne fut pas une mince affaire car el niño avait décidé que les freins étaient fatigués – heureusement, ce n’était qu’un défaut électronique, les plaquettes ayant été contrôlées « positif » peu de temps avant. Durant l’ascension, nous fûmes fascinés par ces cyclistes endurcis qui avalaient l’asphalte à peine essoufflés (je comprends mieux la performance du cycliste colombien de 23 ans, Nairo Quintana, maillot à pois et 2ème au classement général du Tour de France 2013) ou par les cyclistes astucieux accrochés aux camions roulant à 15km/h.
Une fois de plus, la ville fut accueillante au-delà de nos attentes. Nous fûmes choyés par Yadira, presque de la famille, et ses amis qui nous accueillirent à Chia. Nous pûmes ainsi profiter de Bogotá en toute sérénité, les enfants ravis d’admirer les tableaux de Botero ou les trésors du Musée de l’Or, posant « à la sud-américaine » devant leurs œuvres préférées. Ce fut l’occasion de déguster de délicieux arepas ainsi que quelques plats français revisités, la cuisine française étant particulièrement appréciée à Bogota.
Puis la ville nous ouvrit les portes de sa campagne, en Boyaca, offrant des paysages de collines et de champs, doux et verdoyants, ponctuée de villages coloniaux préservés offrant un artisanat délicat (à découvrir sur le bord des routes ou dans les petites rues cachées de Villa de Leyva).
Très vite, l’atmosphère changea et devint chaude, humide, étouffante : bienvenue aux Caraïbes ! Notre halte préférée fût sans conteste Puerto Velero, petite zone balnéaire préservée des buildings et surtout baignée par des alizées qui rafraîchissent le baigneur (la mer, elle, est chaude, presque trop) et ravissent le windsurfeur qui a renoncé à se rendre à Cabo de la Vela, le spot le plus célèbre de Colombie (route éprouvante, apparemment difficile en camping-car et peu sécurisée au moment de notre voyage).
Et la famille de s’en donner à cœur joie pour sa dernière destination glisse du voyage, au point qu’on entendra Jean-Christophe dire « pourvu que demain, il n’y ait pas de vent, je n’en peux plus ! » (5h de navigation par jour en 6.2 et 5.3) !!!
Destination chaudement recommandée donc pour tous, que vous soyez des voyageurs en quête de calme, des anthropologistes curieux de connaître le colombien en week-end, des volontaires de « Surfrider Foundation » ultramotivés ou des gourmets en manque de plats raffinés (Franco, un italien presque français propose des plats savoureux à El Kiosko, dans la marina), d’autant qu’elle se situe à 1h de Cartagena de Indias, notre destination finale !
Ah, Carthagène, que je vis il y a 20 ans... Impressions en vrac : chaleur, building, plages, chaleur, humidité, remparts, pêcheurs, chaleur, eau, mer, orage, chaleur, bonheur, chaleur étouffante, port, paperasse, chaleur suffocante, soleil, chaleur, libération, isla del Encanto, douceur, tranquillité, réconfort, détente, piscine, mer, poissons...
Et oui, Carthagène sera notre dernière étape et l’occasion de vivre de multiples émotions.
La première des émotions fut de superviser le départ du camping-car sans transitaire (celui qu’on paie pour faire les 40 allers-retours dans tous les bureaux administratifs à notre place) et sans climatisation dans le camping-car alors qu’il n’y avait pas un fil d’air mais plutôt une chaleur moite, épaisse et étouffante.
Le camping-car était un vrai hammam et les nuits furent éprouvantes. Les enfants sommeillèrent mais les parents restèrent en veille, alanguis, agitant faiblement l’éventail de papier.
Le jour, il fallait tout organiser : Jean-Christophe était à la sécurisation du camping-car tandis que je tentais de ne pas me noyer dans le process d’embarquement : booking avec Wallénius, autorisation des douanes, formulaires multiples de la société portuaire, inspection antinarcotique au terminal, en plein soleil, factures, autorisations, et enfin, après 4 jours ... l’autorisation d’embarquer !!
La libération ! Le soulagement ! L’épuisement aussi.
Promis, je prépare un petit doc pour les voyageurs qui voudraient aussi se lancer dans l’aventure (déjà disponible en anglais sur simple demande).
La deuxième émotion fut le réconfort apporté par notre petit séjour de 4 jours sur l’Isla del Encanto, dans l’archipel du Rosaire, au large de Carthagène.
4 jours de farniente, à osciller entre mer et piscine, selon les heures d’arrivée et de départ des quelques touristes à la journée. 4 jours à vivre au rythme du soleil et des oiseaux qui chantent dans les arbres immenses et protecteurs qui nous entouraient. 4 jours à se faire chouchouter par Nelson (chaque repas fut préparé à notre goût et proposé dans un cadre différent chaque jour !). Bref, 4 jours de confort extrême pour une remise en forme expresse !
La troisième est la semaine que nous passons actuellement à Cartaghène, dans un appartement moderne d’une taille décente (après un camping-car de 14m2, il paraît immense !) et inévitablement climatisé ! Adaptation instantanée !
Tout comme les locaux, nous souffrons de la chaleur accablante et scrutons le ciel qui alterne entre un soleil brûlant et des orages de chaleur qui rafraîchissent à peine quelques minutes la peau exposée à sa pluie salvatrice et inondent les rues sans évacuation. Nous privilégions les musées (climatisés), le cinéma (climatisé), le coiffeur (climatisé) et les siestes (climatisées aussi !), et surtout les ballades nocturnes dans la vieille ville emmuraillée parfaitement préservée, très agréable.
En un mot, je vous recommande ce pays, si chaleur et heureux, chaleureux !
Petit album ici