Ca y est, la ligne est franchie. Il ne s’agit pas de la ligne rouge, ni même de celle de la moitié du voyage (d’ailleurs, comment se calculerait-elle ? en temps, en km, en émotions ?), non il s’agit de celle qui nous éloigne de l’Atlantique et qui nous rapproche du Pacifique !
Le Pacifique ... la grande inconnue ! Nous avons bien barboté en masque et tuba dans ses eaux cristallines le long des plages balinaises il y a quelques années mais les côtes chiliennes et péruviennes sont mythiques. Les images du magazine Wind en attestent et l’inquiétude qui nous gagne n’est pas tant que la réalité soit à la hauteur de ces images mais plutôt que nous soyons à la hauteur ...
Après notre passage flat à San Carlos de Bariloche (S.C. de Bariloche restera un mystère), autant vous dire que notre appétit de windsurfeur est dévorant. Pas question de s’arrêter sur la route admirer quelques musées mapuche ou paysages magnifiques de forêt en bord de lacs (enfin si, juste le temps d’une grande lessive ... voir Tranche de vie d’itinérants).
Le temps donc d’engloutir une tortilla al horno (rien à voir avec l’espagnole, c’est un petit pain rond pétri à la main et cuit un peu à l’iranienne au four, sur des cailloux, garni de viande et dévoré sur l’instant, slurp !) et nous voilà sur le premier spot conseillé par les habitués : Tirua !
C’est un village perdu au bout d’une piste en pente – heureusement dans le bon sens – juste à côté d’un village encore plus petit, Quidico. Avant, les vagues étaient à Quidico mais maintenant, elles sont à Tirua. Avant, c’était avant le dernier tsunami (février 2010) qui a semble-t-il un peu déréglé la vague ...Mais ça ne perturbe personne, il suffit de le savoir.
Le vent est annoncé, un planchiste chilien traîne dans les parages. Nous nous mettons dans ses traces de 4x4 et découvrons avec ravissement la baie de Tirua.
Nous y resterons 5 jours à savourer vent, vagues, planche, plage, paysages.
Notre contact avec la population est ténu mais certain : tous les jours, une dame se place dans le lit de la rivière avec sa barque pour permettre aux quelques promeneurs qui le souhaitent d’accéder à la partie protégée de la plage. Grâce à elle, nous irons acheter nos œufs, notre poisson et notre artisanat mapuche (et oui, 80% du village est Mapuche et nous en apprendrons plus ici qu’au musée).
Nous apprendrons que les Mapuches sont des indiens très « résistants » à l’envahisseur, maya comme espagnol mais ils n’ont pu résister à la confiscation de leurs terres dans les années .... Aujourd’hui, leur identité commence tout juste à être considérée, malheureusement parfois grâce à l’usage de la violence.
Leurs traditions et leur langue, elles, ont perduré au-delà des années et sont toujours enseignées dans la petite école du village qui nous a gracieusement accueillis le temps d’envoyer quelques mails.
Et pour ne pas perdre complètement le sens des réalités, nous avons aussi organisé un nettoyage de plage qui a rencontré un certain succès car une bonne partie des gens présents a participé de bon cœur !
Mais surtout, Jean-Christophe s’est fait plaisir en découvrant le waveriding dans des petites vagues bien rangées allant jusqu’à deux mètres. Le spot, sécurisant avec un vent side shore (établi vers 14h), sans shore break et sans courant, lui a permis de découvrir de nouvelles sensations et d’admirer quelques experts !
Nous aurions pu rester ici des semaines à contempler les pélicans et à apprendre le chilien (parce que par-là, c’est un peu du texan marseillais !) mais il paraît que Llico, c’est bien aussi, alors nous sommes partis !
Petit diaporama pour mettre l’eau à la bouche