Une utopie ? Un rêve ? Une réalité !
Tout a commencé à Sucre, ville très agréable pour un touriste paresseux. Elle présente de nombreux avantages à commencer par une altitude tout à fait raisonnable (2800m au lieu de 3800m dans de nombreuses autres villes boliviennes). De taille moyenne, elle offre au visiteur un centre-ville paisible et composé de bâtiments d’art baroque parfaitement entretenus. Elle dispose également de nombreux services de qualité tels qu’un marché où se dégustent les meilleures salades de fruits du pays, un coiffeur pour enfants super équipé et également une alliance française discrète mais à la bibliothèque bien fournie, pour le plus grand bonheur des enfants... et des parents !
C’est en voyant des étudiants accéder aux salles de cours à l’étage que l’idée me vint d’aborder un professeur de français pour lui proposer de parler de notre voyage et de sa noble cause, celle de promouvoir Surfrider Foundation ou la protection de l’environnement, c’est un peu pareil...
Ravis, les étudiants se sont prêtés au jeu des questions sur leur perception de l’environnement, l’importance qu’ils y accordent et les actions qu’ils pourraient mener. Et je leur tire mon chapeau car notre échange était exclusivement en français, pour mon plus grand confort !
Au vu du film « Ocean report – Déchets aquatiques », la phrase la plus emblématique du voyage a surgi : « je ne m’étais pas rendu(e) compte de l’ampleur du phénomène ! ». Le DVD est maintenant à la bibliothèque de l’Alliance Française et j’espère qu’il permettra aux Boliviens curieux de découvrir la société française d’apprendre en s’impliquant !
Mais revenons à la réalité, si incroyable soit-elle ! Et oui, nous avons navigué en Bolivie !
Rien ne nous permettait de croire qu’une telle occasion s’offrirait à nous. En effet, si nous avions prévu d’aller sur le lac Titicaca, c’était davantage pour prendre un bain de foule à Copacabana, haut lieu de pèlerinage durant la semaine sainte que pour mettre l’orteil dans l’eau froide à 4000 mètres d’altitude. Et pourtant, ....
Et pourtant la Bolivie nous réserve des surprises, inévitables, incontournables, face auxquelles il faut savoir s’adapter faute de le regretter.
Je m’explique : après un séjour des plus agréables à La Paz, nous avons été raccompagnés en taxi à notre camion préféré - sur le parking de l’aéroport où nous l’avions abandonné - et à l’occasion de ce court trajet (d’autant plus court que le taxi roulait à tombeau ouvert...), le chroniqueur radio marmonnait sur fond de musique entrainante et sonore qui rendait presque inaudible le propos que Copacabana faisait l’objet d’un bloqueo. Un bloqueo ? Une affaire à prendre au sérieux puisque cela nous avait déjà coûté un détour de 420 km quelques jours avant mais le chauffeur nous a rassuré, ce n’est pas si grave ...
Et si, cela l’était.
Une fois le lac Titicaca traversé en barge pour rejoindre la presqu’ile et Copacabana 40 km plus loin, nous nous sommes retrouvés bloqués dans la petite ville de Tiquina.
Le plus démotivant fut de voir les policiers quitter la ville pour se rendre sur les lieux du barrage puis revenir quelques heures plus tard, pour repartir directement vers La Paz...
Après une bonne nuit de sommeil et quelques espoirs rapidement déçus par les propos fatalistes des riverains, nous avons tenté le diable mais après quelques km seulement et de nombreux barrages contournés, il s’est rapidement manifesté en la personne d’un pèlerin qui nous a clairement fait comprendre que nous n’aurions pas du passer et que par respect pour ses voisins et amis, nous ferions mieux de faire demi-tour. Nous l’avons sagement écouté, surtout motivés par le comportement menaçant de ses acolytes envers nos pneus tout neufs et notre pare-brise encore entier malgré les divers impacts reçus au Brésil et ailleurs !
Dépités, après quelques kms, nous avons lorgné du coin de l’œil une autre route également bloquée et surveillée par un homme et trois femmes installées pour la journée sur le bord de la route. J’ai alors sorti mon arme fatale (à savoir mon petit Edouard) et me suis approchée d’elles.
Pour finir, le chef déplaça lui-même les pierres pour nous permettre d’accéder à son village, situé en bordure du lac, au calme.
Et voilà comment un bloqueo pour le moins contrariant nous a permis de découvrir un petit spot de planche, plat et lisse, légèrement venté, totalement side shore.
Autant vous dire que Jean-Christophe n’a pas mis longtemps à gréer son matos et à se jeter à l’eau.
Pour ma part, j’ai un peu pataugé entre les roseaux avant de prendre la risée et de retrouver le sourire.
Bien sûr, j’étais déçue de ne pas être parmi les fidèles en ce Vendredi Saint mais il faut savoir prendre ce qui est à notre portée et tous les obstacles s’effacent alors pour un pur moment de bonheur...
Petit diaporama de notre chemin « de croix »