Esteban, et Zia sont très forts et très courageux : ce sont des enfants à la recherche de leur papa qui vivent des aventures incroyables depuis l’Espagne jusqu’au « Nouveau Monde ». Avec l’aide de Tao, rencontré sur place, ils finiront par découvrir une cité cachée magnifique, grandiose, que même les conquistadores espagnols n’auront pas pu voir.
J’ai trouvé cette histoire fascinante, alors j’ai décidé de faire pareil !
Nous aussi on était trois : Adrien, Edouard et moi. Bon, y avait aussi mon papa, ma maman et même Daddy et Mamy. Tous ensemble, on a pris el niño et on a sillonné la vallée sacrée des Incas à la recherche de cette fameuse cité perdue.
D’abord, on s’est arrêté à Cuzco, la capitale de l’empire inca. C’est aujourd’hui une grosse ville avec des grands bâtiments et des petites rues. Papa a du subir une épreuve pour être autorisé à entrer : comprendre le casse-tête du plan des rues. « Pourquoi indique-t-il qu’il s’agit d’un boulevard circulatoire alors que la rue traverse la ville, devient étroite et se finit par un escalier, ... ????!!!! ». Ensuite, c’est maman qui a du faire preuve d’ingéniosité pour faire reculer les taxis, 4x4, colectivos... qui souhaitaient remonter la rue tandis que nous voulions la redescendre en marche arrière.
Tous les deux ont remporté leur épreuve haut la main et on a pu s’installer au camping, sur les hauteurs de la ville pour bien la dominer et surveiller l’arrivée des ennemis.
Bon, en réalité, on a surtout rencontré d’autres voyageurs avec qui on s’est bien amusé.
A la recherche d’indices, on a commencé par visiter Sacsahuaman, un ancien site inca dont on ne sait pas très bien s’il s’agit d’une forteresse ou d’un temple.
A cette occasion, on a appris que des pierres du site avaient été « empruntées » par les conquistadores pour construire la cathédrale. Alors on a filé en ville. Pour s’y rendre, on a pris un taxi qui passait dans des rues pavées super étroites et extra raides, entre des arches des maisons. On se croyait dans le train de la mine, c’était top !
On a visité des tas d’églises, immenses, décorées d’or, avec des grands tableaux représentants Jésus et ses amis, des statues de femme, incarnation de la Vierge et de la déesse inca de la terre, Pachamama.
Mais les pierres ne nous ont rien dit, apparemment devenues silencieuses depuis leur dénaturation. Du coup, on est allé enquêter dans les environs et on a visité la forteresse rouge (Puka pucara) qui pointait en direction du bain de l’Inca (on dit qu’il y coule une source d’eau sacrée où les incas pratiquaient des rites religieux) qui nous a renvoyé vers Kencco, important sanctuaire dédié au culte du puma (dieu de la guerre).
Mais nulle trace des Cités d’Or. Alors qu’on rentrait, fatigués et dépités, on a croisé un vieil indien, tout courbé, avec un tas de bois sur le dos. Il nous a parlé en Quechua, la langue des Indiens et j’ai compris un mot : « Ollantaytambo » !
Mamy a ouvert son guide et m’a dit qu’Ollantaytambo était le nom d’un guerrier inca mais aussi d’une imposante forteresse dans les montagnes. Et là je me suis rappelé que les Cités d’Or étaient justement dans les montagnes ! On a tout remballé et on est parti tout excité à l’idée de trouver enfin le trésor !
La route était longue alors on a fait une pause à Chincheros où on a acheté un pull en laine de bébé alpaga. L’alpaga est une sorte de lama, domestiqué (= qui a besoin de l’homme pour vivre) car il doit être tondu tous les 2 à 5 ans selon les espèces. Grâce à cette laine, on a bien chaud.
Puis une pause à Moray où j’ai pu me dégourdir les jambes en dévalant les terrasses en amphithéâtre qu’avaient construit les Incas pour cultiver différentes céréales comme le quinoa, le riz...
C’est moi tout en bas, au centre !
Alors que le jour commençait à tomber, je m’inquiétais de comprendre en quoi le mot « Ollantaytambo » pouvait nous aider. La Providence (= la chance) nous a envoyé un jeune Colombien qui avait fait le chemin de l’Inca et nous demandait de l’emmener... à Ollantaytambo !! Je l’ai submergé de questions et il m’a expliqué que les Incas étaient un peuple très puissant, très intelligent et travailleur. Ils avaient étendu leur empire depuis le nord du Chili et de l’Argentine jusqu’au sud de l’Equateur en passant par la Bolivie. C’était au XVe siècle (quand en France, il y avait des rois). Ils ont bâti des villes incroyables, des forteresses pour se protéger, des greniers pour conserver leurs cultures et des sanctuaires pour prier leurs dieux et faire des sacrifices en leur honneur.
Pisac
Aujourd’hui, les villes sont en ruine car pour les affaiblir, les conquistadores espagnols ont détruit leurs maisons et les pilleurs ont volé l’or et les belles céramiques (vases, bijoux...). Mais notre messager nous a révélé que si nous suivions le chemin de fer jusqu’au cœur des montagnes, nous pourrions enfin toucher au but et voir les cités d’or !
Autant vous dire que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là !
Le lendemain, j’ai pris mon sac à dos, mes chaussures de marche et ma boussole et ... j’ai grimpé dans le train, direction Aguas Calientes. Je suis arrivé dans une ville comme on imagine que les chercheurs d’or auraient pu en construire : des maisons de gingua coincées entre la rivière et la voie ferrée, avec des saloons et des racoleurs à l’entrée. Pour se restaurer, on a choisi l’Indio Feliz où on a pu déguster des profiteroles au chocolat et de la quiche, slurrrrppppp.
Il y avait aussi des bains naturels d’eau chaude (d’où le nom de la ville), mais nous, on a préféré la baignoire de mamy !!
Drriinnnnnggg, ça y est, c’est le grand jour !! Il fait encore nuit et personne ne parle, les yeux plein de sommeil, mais je vois bien que tout le monde est excité. Après avoir avalé un morceau de pain et fromage, un indien vient nous chercher. Il s’appelle Raul et parle très bien français (vive le mélange des cultures !).
Grâce à lui, on va enfin découvrir les Cités d’Or ! Mais d’abord, il faut grimper la montagne car nous, on est tout en bas, le long de la rivière, alors que les Incas, eux, s’installaient toujours en hauteur pour voir l’ennemi arriver. C’est la forêt partout et même avec ma boussole, j’ai du mal à me repérer. Au bout de 30 minutes, on semble être enfin au sommet de la montagne mais le jour se lève à peine et tout est dans le brouillard. C’est le grand mystère et je trépigne d’impatience tandis que Raul nous explique comment les Incas construisaient les terrasses après avoir aplani la montagne et comment les ouvriers pouvaient transporter d’énormes blocs de pierre alors qu’on est au sommet du monde (4000m d’altitude). Ils les trouvaient dans les « chaos granitiques », sorte de champ de pierre, les taillaient et les imbriquaient les unes dans les autres de telle façon qu’ils n’avaient pas besoin de mortier pour les joindre.
Je ne tiens plus en place malgré l’intérêt des explications. Je me dirige vers un mur de pierre et là, par la fenêtre, je découvre un spectacle incroyable : une ville entière s’offre à moi, se dégageant progressivement de la brume qui l’entoure, encerclée par les vertes montagnes environnantes. C’est magique !
Pour en voir plus, regardez par là.
J’imagine le travailleur ployant sous le poids de la pierre qu’il tracte avec une corde et des rondins, le prêtre Inca les bras ouverts vers le ciel, face à la montagne tant vénérée, l’enfant qui joue tandis que ses parents cultivent sur les terrasses irriguées par des canaux et des fontaines et soudain la panique quand le messager arrive depuis la Puerta del Sol, harassé par 3 jours de marche mais pressé d’annoncer la nouvelle : les conquistadores arrivent ! Il faut fuir ...
Le site est déserté, les nobles se réfugiant à Villarica, plus au Nord, plus encore dans les montagnes. Mais les Espagnols ne l’ont pas trouvé et ce n’est qu’en 1911 que Bingham, un archéologue américain, découvre cette merveilleuse cité.
A défaut d’avoir trouvé de l’or, je suis reparti avec des cartes à jouer représentant le Macchu Picchu, et la tête pleine d’aventures extraordinaires ...