Pour ceux qui ont les batteries à plat, le moral dans les chaussettes, voici un remède fracassant avec effet immédiat : un billet spécial peps !
Autant vous dire qu’au Pérou, il faut avoir la pêche car il y en a des choses à voir ! Rassurez-vous, nous avons survécu à la tentation de la coca et n’avons puisé notre énergie que dans l’Inka cola, boisson à haute dose d’énergie (et de sucre...). Le sevrage va être dur !
Mais commençons par notre arrivée au Pérou par la frontière la plus grouillante, vivante, cracra, celle de Desaguadero :
Le premier défi a été de trouver la sortie de la Bolivie, ce qui ne fut pas une mince affaire. Certains, plein de bonne volonté, nous ont aidé mais je n’y comprenais rien : « comment ça, une autre frontière ? ! Y en a-t-il donc plusieurs ? - Et oui ma p’tite dame. Celle-là, c’est celle des camions, vous devez trouver la vôtre en ville ».
Après avoir fait demi-tour, emprunté une piste poussiéreuse pour accéder à une ville fantôme, nous nous sommes retrouvés face à deux plots qui barraient la rue, l’unique, qui menait à la frontière ! Mince alors, que faire ? Finalement, les apparences étaient trompeuses, el niño est beaucoup moins imposant que nous le pensions et le Pérou s’offrait à nous enfin !! Enfin presque...
Le second défi fut de gérer la paperasse : le circuit m’a paru de prime abord assez classique ; grossière erreur ! Les Boliviens semblaient bien peu désireux de nous voir quitter le pays (mais après deux bloqueos en trois semaines, la patience était notre plus grande vertu !) : alors que je pensais que tout était en ordre le douanier « de la barrière » nous a expliqué que nous avions raté une étape, celle de la tentative de corruption.
« Eh oui, le papier du véhicule que vous avez rempli avec le monsieur qui est venu faire le tour de la casa rodante, il faut en faire une photocopie et le faire tamponner par un autre service ma p’tite dame ! »
Pendant que Jean-Christophe faisait visiter le camping-car aux douaniers soudainement désœuvrés, curieux de voir comment on pouvait vivre dans un camion, j’allais réclamer l’original du papier, casser un billet pour une photocopie à trois sous et dépenser le reste en chewing-gum (au moins une vingtaine) puis arborer mon plus beau sourire face à l’autorité qui, pour apposer son tampon sur ma copie, me demandait 20 soles (6 euros). « Ah oui ? Bien sûr, vous avez une facture ? » Autant vous dire que Monsieur n’a pas insisté...
J’ai ainsi pu traverser le pont qui nous menait au Pérou pour effectuer les démarches habituelles : « marque du véhicule ? – Mc Louis. - Ah, y a pas dans l’ordinateur. – Mettez Fiat alors. – OK ça rentre. Numéro de chassis ? – Euh, c’est un des numéros indiqués sur la carte grise française tellement mal fichue que j’en sais rien. – Regardez, il est inscrit sur votre pare-brise. – Ah oui, merci ! »
... et finalement prendre la route : le Pérou s’offrait à nous !
Le décor variait peu face au lac Titicaca, la première étape phare de notre séjour de 2 mois dans ce beau pays (pour la suite, voir Sur les traces des merveilleuses cités d’or et Les vagues du Pérou, à venir).
Nous nous sommes tout d’abord arrêtés à Juli, petite bourgade au bord du lac Titicaca. L’idéal pour prendre la « température » des péruviens. Le mieux, dans ce cas, c’est la place du village. Je ne sais si les gens étaient plus ébahis par l’engin qu’ils avaient sous les yeux ou par les 3 furies qui sortirent du camion, un ballon au pied. En deux minutes, ils avaient un copain pour jouer au foot et moi une petite vieille avec qui papoter. Elle voulait absolument que je lui « raconte » la France, savoir comment étaient les paysages, s’il y avait des vaches, ce qu’on y mangeait... Un véritable échange de culture qui contrastait sérieusement avec l’approche bolivienne, beaucoup plus réservée.
Avant d’aller déguster un poulet frites à la polleria du coin, un jeune homme avec qui j’avais discuté est même venu me voir pour m’offrir un sole (monnaie péruvienne) tout brillant contre une pièce d’euro, souvenir d’une rencontre internationale. Bêtement, j’y ai vu un porte-bonheur, heureuse de ces rencontres chaleureuses et soulagée après tout ce que j’avais pu entendre dire du Pérou.
Soulagée ... mais malgré tout exposée à certains risques de curiosité mal intentionnée.
Le lendemain, alors que nous étions à Puno, admirant le défilé hebdomadaire des forces de police, nous avons été victime d’une tentative d’intrusion dans le camping-car. Heureusement, le voisinage veillait (pas la base militaire située à côté, non ; ses occupants venaient même de nous dire que nous ne craignions rien...) et nous nous en sommes tirés à moindre frais avec une vitre fendue, côté conducteur.
Nous sommes donc allés dormir dans une cochera, terrain vague envahi de moto-taxi, voitures, camions... surveillé par une femme habitant dans un abri proche de ceux des SDF en France. Mais le comble nous apparut le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil au calme : deux écoles se trouvaient sur ce même terrain ! Je me demande encore comment font les enfants pour garder leur uniforme aussi propre !
Y avait-il parmi ces enfants ceux que nous avons rencontrés sur les îles Uros, ces fameuses iles fabriquées en roseau sur lesquels quelques personnes vivent, surtout du tourisme ?
Ceux-là qui, trop heureux de recevoir en cadeau les voitures des garçons, leur offrirent des petits bateaux fabriqués en roseaux. C’était amusant de les voir jouer à cache-cache tandis qu’un des habitants nous expliquait comment ils concevaient leurs fondations pour être sûr qu’on ne passe pas à travers. Personne n’est tombé à l’eau donc !
Cette rencontre était intense mais furtive ; la suivante était de taille.
Après avoir eu la chance – je dis bien la chance car en Amérique du Sud, on a beau être le roi de la bidouille, on ne peut pas changer une vitre de camion européen comme on veut – de pouvoir faire faire sur mesure une nouvelle vitre à partir de celle qui était intacte, dans une usine de pare-brise, nous avons filé sur les routes de Juliaca vers la péninsule Capachica, jusqu’à Llachon.
Llachon est un de ces endroits qui nous a changé. Tout d’abord, nous y sommes arrivés à la tombée de la nuit, accompagnés sur la route par toutes les femmes qui raccompagnaient leur troupeau, vêtues traditionnellement.
Puis, le lendemain, nous avons vu les enfants, dès 4 ans, se rendant à pied à l’école qui pouvait se situer à plusieurs km de chez eux, le plus souvent une glace à la main.
Nous avons vu les hommes, les femmes, vieux ou peut-être plutôt vieillis par le labeur, cassés en deux à ramasser des pommes de terre ou à bêcher leur culture en terrasse.
Tout cela dans un décor paisible, silencieux, ressourçant. Nous avons fini par nous prêter au jeu et porter le « costume » du quotidien !
J’entends déjà vos commentaires ... !
Autant vous dire qu’après cette rencontre, dernier moment fort de notre séjour au lac Titicaca, nous avions les batteries chargées à 100% pour suivre la trace des Incas...
Pourvu que cette énergie et paix intérieure soient arrivées jusqu’à vous !