OLINDA
Olinda est accrochée à Recife, une ville bouillonnante. Olinda, accueillante, paisible pour une ville touristique, nous a plu dès la première marche : la grimpette commence par un monastère franciscain qui fête justement son patron. Les azulejos racontent l’histoire de ce saint sacré au Brésil et la fête surprend par sa sobriété : une grande table de fruits exotiques accueillent les visiteurs comme nous. Les enfants repartent ravis, la bouche fendue d’une orange. Les églises sont bien sûr baroques, et déjà époustouflantes. Elles nous accordent leur fraîcheur en toute simplicité.
Pour ne rien gâcher, nous avons dormi à Porto de Galinhas, site magnifique (conseillé par un brésilien croisé à Sao Miguel). Nous y avons rencontré Christian et Samantha, le premier camping-car (et brésilien !) sur notre route depuis le début du voyage !! Adorables ! Nous ne nous sommes pas quittés pendant 2 jours, partageant lever de lune, lever de soleil, et même une tortilla à la française. Grâce à eux, les enfants ont passé un des meilleurs moments de leur voyage, nageant avec les poissons dans les piscines naturelles découvertes à marée basse (et Jean-Christophe a reçu du soutien pour son premier désensablement !).
SALVADOR DE BAHIA
Salvador n’est pas baroque. Salvador est une ville immense, une favela gigantesque et un bord de mer incroyable, peuplé de vendeuses d’aracajé (miam !) et de joggers de tout poil. Le Pelourinho est un petit diamant dans un écrin de béton : maisons colorés, églises d’une richesse incroyable, époustouflante, et bahainais(es) affriolantes – des travestis pour la bonne cause : faire entrer les touristes dans les magasins de souvenirs.
Il y a aussi le chauffeur de bus, que les enfants adorent car grâce à lui, on est un peu dans le train de la mine, tant les virages sont pris serrés. Il nous amène au camping d’Itapua, qui est à l’image de ce que nous avons vu de Salvador : un mélange de joie, de pauvreté digne (les occupants habitent ici à l’année), de gentillesse envers l’étranger (changement de bouteille de gaz en 5 minutes chrono) et de gamins bavards comme des pies.
Nous quitterons Salvador sans en avoir vu plus, les yeux éblouis mais la tête encore dans le tableau excel qui nous dit qu’il faut avancer. Alors on avance !
LENCOIS
Lençois, dans la Chapada Diamantina, est un havre de douceur.
Petit village au cœur de la ruée vers l’or, il a su se reconvertir et renoncer au métal qui rend fou (véritable catastrophe écologique) pour mieux profiter de la nature magnifique qui l’entoure : montagnes proches des canyons américains, forêts, cascades et rivières, grottes et lacs translucides ...
Elle ne trahit pas la réputation du Brésilien, accueillant et sonore (le soir des résultats des élections, la victoire était grande, joyeuse, bruyante plus que musicale. Qu’est-ce que ça doit être quand ils gagnent la coupe du monde !!!). Les enfants ont adoré partir sur les traces des chercheurs d’or et revenir des minerais dans les poches.
Mais la route de l’Or ne fait que commencer ... et autant vous dire qu’elle est longue, très longue ! Ce sera une boulimie de km jusqu’à saturation complète ...
Prochaine étape, Diamantina : 1000km ... de montagnes, de cols et de virages, de désert, de routes chaotiques et sales, de chaleur et de sécheresse, de décors incroyables et de pauvreté... Il y a de la sueur et des larmes sur cette route.
Dans le camping-car, la clim’ est à fond mais l’impatience nous guette et vire à l’exaspération quand, à Diamantina, la recherche du camping indiqué par un voyageur et quelques brésiliens du coin s’avère infructueuse après 2h ( !) de circulation et circonvolutions.
Et nous voici enfin dans le Minas Gerais !
Diamantina est une ville incroyable, perchée au milieu de nulle part. Nous y retrouvons les traces du caminho dos escravos, chemin pavé à la main par les esclaves pour permettre d’acheminer l’or jusqu’à Paraty, petit port proche de Rio de Janeiro. Les habitations sont à flanc de colline et le centre historique y est totalement intégré. Nous nous sentons moins touristes qu’à Salvador quand nous gravissons les rues pentues même si notre « sac à dos pour enfant » fait sensation. La promenade est agréable dans ces petites rues bordées de maisonnettes anciennes et dominées (presque) chacune par une église, le tout parfaitement rénové.
Elle s’achève par un point de vue magnifique et un repos salvateur en pleine nature. La région est isolée mais magnifique, l’occasion de randonnées agréables avant de reprendre la estrada real (route de l’or).
SERRO
En voiture ! Nous nous perdons dans la nature – évitant ainsi la nationale déformée par le passage incessant des camions – et faisons une escale à Serro. Elle fut courte mais suffisante pour se ragaillardir et avoir un nouvel ami sur facebook en la lanchonete Marofa Serro (une lanchonete est un snack qui sert petits pâtés et boissons) du coin ! Il semblerait qu’on ne passe pas inaperçu...
La fête des enfants se prépare sur la place bordée de bâtiments de l’époque coloniale portugaise. Le 12 octobre est une vraie fête pour les enfants qui peuvent recevoir des cadeaux et bénéficier d’attractions et de gourmandises aux frais de la ville et des entreprises. La journée est d’ailleurs fériée mais c’est en raison de la célébration de nossa Senhora Aparecida, une sainte vénérée ici, comme nous pourrons le voir à Mariana (à 500km de là, derrière des montagnes, encore !).
MARIANA
Mariana est une escale idéale pour l’espèce que nous sommes, allergique aux rues pavées, étroites, en pente et glissantes.
Le petit parc, situé dans le centre historique, nous permet de découvrir la vie de province en ce vendredi soir, jour férié. Les gens sont joviaux, une bière à la main, un jouet dans l’autre. L’enfant est roi ce soir, et bien souvent d’ailleurs. Je ne connais pas de pays plus accueillant que le Brésil pour les enfants. Nous profiterons d’ailleurs d’un spectacle pour enfants découvert à l’improviste avant de suivre la procession en l’honneur de la sainte patronne locale.
OURO PRETO
Dringgggg, le réveil ; Puuuuiiissssssstttt, la locomotive, en route pour Ouro Preto en train à vapeur, à l’allure de 20km/h. Les paysages sont époustouflants, la pente est raide depuis le haut de la montagne et la température bien basse à l’arrivée.
Frigorifiés, nous découvrons les somptueuses églises (photos interdites, il faudra vous déplacer pour en savoir plus !), les festives confréries d’étudiants à l’école des Mines et le très beau musée des sciences et minerais de la ville (sans clim’, l’idéal !) avant de reprendre le train et de retrouver, heureux, pulls et chaussettes.
CONGONHAS
Mon coup de cœur va à Congonhas, petite ville non loin de là, hébergeant un site totalement incroyable de raffinement et de majesté : la Basilica Bom Jesus de Matosinhos et les 12 Prophètes, sculptures en pierre à savon (stéatite) réalisées par un grand artiste brésilien du 18e siècle, surnommé Aleijadinho.
Nous aurions pu dormir sur le site si nous n’avions à faire le plein d’eau (consommation quotidienne pour 5 personnes : environ 20L, et on se lave, si si !). Ce sera sans regret car nous nuiterons dans un petit camping charmant à l’entrée de Tiradentes, la ville « coup de cœur » de Jean-Christophe.
TIRADENTES
Tiradentes est un village adorable, incroyablement préservé et accueillant le touriste avec bonne humeur sans pour autant se dénaturer. Notre promenade pédestre sera ponctuée d’églises bien sûr, toujours aussi belles, dorées, baroques et d’échoppes culinaires (chocolats et pâtisseries délicieuses).
Puis deux chemins s’ouvrent à nous pour rejoindre les ports d’où partent toutes les pierres précieuses vers l’Europe : celui qui mène à Rio et celui qui mène à Paraty.
La Estrada Real n’est plus respectée mais nous serons bien à l’arrivée ... dans ces deux ports.
L’un est aujourd’hui une ville mythique absolument géniale.
Et l’autre un havre de paix précieux. Mais là, c’est une autre histoire !
Cette route a été magnifique et douloureuse. Elle a connu nos doutes et nos crispations, elle nous a également vus apaisés et heureux. Par elle, nous avons compris qu’il est inutile de courir après le temps : seul le présent a de la valeur, pour peu qu’on sache en profiter !
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