Edouard, du haut de ses trois ans, souhaite vous donner ses impressions du voyage. Pardonnez par avance son vocabulaire hésitant et ses imprécisions...
« - Maman, on va où ?
- A Galinhos mon loulou.
- D'accord.
On a fait plein de route en camping. Dehors, y avait trop de soleil et maman a fermé les rideaux. Z’ai fait dodo. Après, papa roulait encore ; z’ai dessiné des bonhommes et des sous-marins.
Note de Maman (NdM) : en petite section de maternelle, on travaille la motricité fine ... des doigts de pieds.
Après, maman a ouvert les rideaux. On a vu des grosses machines et des arbres tous secs.
Et aussi on a vu des gens déguisés, on voyait même pas la tête. Papa a parlé avec quelqu’un et après, on a eu le droit de sortir faire pipi ; ben oui, z’ai plus de couche. On est reparti et ça secouait dans tous les sens ! Croooo cool.
Après, le matin, on a pris un bateau, c’était croooo cool. Et on l’a repris encore après. Et puis on a roulé, encore !
Après, papa s’est arrêté sur la route parler avec des gens. Ze m’embêtais alors ze suis rentré dans le camping. On a bien rigolé avec Timothée et Adrien.
Et puis on a vu la mer et la plage, c’était « ccccroo » cool. Ben moi ze fais de la planche ! Ciao »
Pour ceux qui seraient insensibles aux babillages, voici quelques précisions au discours de notre Doudou, star du Brésil (effectivement, il s’agit d’une vraie mascotte, voire d'une icône, tant les brésiliennes et brésiliens fondent et s’extasient sur son passage, ne ratant pas une occasion de passer une tendre main dans ses cheveux ou de croiser son regard tandis que Mr. Eduardo – comme il aime à s’appeler – joue les mijaurées et se rend d’autant plus désirable qu’il fuit les groupies) :
Nous avons taillé la route depuis Fortim jusqu’à Galinhos, traversant champ de cannes à sucre et désert de pétrole. Prétentieux que nous sommes, nous avons tenté de rejoindre Galinhos en « 4x4 camping-car ». Après une piste bien mauvaise (d’où les secousses), nous nous sommes retrouvés dans un parc éolien en construction (d’où les hommes déguisés, protégés du vent et de la poussière). Il ne restait qu’à traverser les dunes pour pouvoir rouler jusqu’à la plage ...
Nous avons finalement dormi sur le parking de l’embarcadère pour Galinhos, dépités.
Pas rancuniers pour autant, nous avons pris le bâteau pour faire un saut à Galinhos (2Rl/adulte, soit moins d’1 euro). Edouard était ravi de monter sur ce bateau de pêche recyclé en passeur qui nous a mené jusqu’au village en 10 minutes. C’était assez amusant de voir – pour la première fois – des Brésiliens se mettre de la crème solaire.
Il n’en parle pas mais Edouard a également apprécié la baignade et un peu moins la canne à sucre, difficile à croquer pour en extraire le jus (dont Adrien se régaole, lui). Nous sommes repartis vers 10h, juste avant que les touristes brésiliens, arrivés en bus de Natal, n’envahissent les lieux !
Il ne nous a pas fallu longtemps pour rejoindre Sao Miguel do Gostoso, ni pour choisir la plage (il y en a une dizaine !) où faire une halte : nous sommes allés en direction du Club de Kauli Seadi.
Petit instantané :
« Nous savourons des bolinhas de peixe et um suco de abacaxi (ananas) face à la mer, le soleil rosissant. Des enfants jouent au cerf volant, un cours de capoeira se prépare, une musique douce nous berce tandis que le vent nous rafraîchit. Nous voilà bien sur la côte Est du Brésil. »
Un Italien passe une tête plus tard dans la soirée alors que l’ambiance a bien changé : le bar est fermé, la plage est striée de lumières de buggys et motos qui filent vers le forro du samedi soir à quelques encablures d’ici et l’air est saturé par un espèce de karaoké incantatoire en l’honneur de Jésusssss !! Même notre ami brésilien (encore un autre ami !) n’en croyait pas ses oreilles !
Bref, l’Italien parle français et nous explique que le spot est meilleur à marée basse, un peu de shore break se formant à marée montante. Le lendemain, il prévoit néanmoins d’aller près de Natal, à Genapabu.
Et il avait bien raison car le vent on-shore était très irrégulier sur l’eau : le départ est déventé par une légère pente de la plage et les quelques reliefs des terres, puis le plan d’eau est « sale », du fait des vaguelettes formées par un vent puissant à l’inverse de la houle, de travers. Jean-Christophe sort en 90L et 5.3 bien étarquée pour se faire plaisir mais revient en sous-marin puis à la nage. Et tous de se dire : « comment K. Seadi peut-il apprécier un tel endroit ?!! ». Propos rapidement oubliés lorsque le vent a viré plus side !
De leur côté, les enfants s’ébattent en toute liberté dans cet immense espace et entame la semaine sur les chapeaux de roues : tout d’abord construction de la grande muraille du Brésil, puis quand le sable soulevé par le vent finit par trop nous fouetter les mollets, baignades pour les uns et planche à voile pour les autres. Enfin, lorsque les vagues ont raison des plus audacieux, le cerf volant prend le relais. Et il n’est que 10h !
Puis nous profitons de conditions de navigation peu propices aux looping (attention nous dira une jeune photographe, au récif du fond recouvert d’huîtres), pour nous promener dans la ville.
Nous sommes immédiatement assaillis par les voitures suréquipées de baffles braillant le message d’espérances des candidats aux élections locales et régionales à venir. Les regards de curiosité sont réciproques de notre part et de ces brésiliennes assises à écosser les haricots, ses joueurs d’échecs installés sur des tables prévues à cet effet sur les trottoirs, les marchands du marché local et leur clientèle faisant leurs courses en brouette... L’ambiance est animée, bon enfant, une vieille réclame « um beijo » aux enfants qui repartent, ravis d’avoir acheté du poisson et du raisin.
Nous faisons donc un repas de roi, installés comme chez nous, sur la petite place à proximité du camping-car ; l’occasion de faire des rencontres bien du coin !
Le premier contact nous a tout de suite séduit : 8h du matin, un pêcheur propose à Jean-Christophe une petite cachaça en attendant que le bidon se remplisse d’eau ! Sans doute pour mieux tenir sur le radeau qu’il utilise à marée haute pour accéder à son bateau...
Ce fut le début d’une longue série. Nous nous sommes vraiment sentis comme chez nous.
Il y aurait bien des centaines de mots pour vous raconter notre semaine ici mais le temps passe trop vite alors en deux mots : « trop cool ! »
Pour en savoir plus : Diaporama