C’est incroyable les variations de propreté que nous avons pu rencontrer sur la côte Nord du Brésil. Il n’est pas toujours évident de connaître les raisons et les motivations à nettoyer et protéger, ou non, le littoral.
Jéricoacoara, la belle souillée
C’est une baie magnifique, ultra protégée et clairement entretenue. Les locaux sont attentifs et peu de déchets traînent dans les « rues » ensablées (en comparaison de ce que nous avons pu voir dans des villages en bordure de la route empruntée pour venir jusque là). Les poubelles sont régulièrement ramassées et, dans l’attente, stockées en hauteur.
Les professionnels du tourisme sont attentifs et s’ils ne courent pas après une serviette en papier qui s’envolent, ils évitent toutefois de laisser trainer capsules de bière et saletés au sol. Il faut dire que le touriste est friqué ici, il faut le soigner.
Ce dernier d’ailleurs, pourrait se faire appeler papier gras (sobriquet un temps donné aux touristes à la journée à l’ile d’Yeu) : il suffit d’un we pour que Jéri se réveille avec la gueule de bois ou plutôt l’estomac bien rempli de tous les détritus abandonnés sur la plage, soumis à la danse du vent (gobelets en plastique, sachets, pailles, préservatifs ...).
Il est clair que celui à éduquer vient de Sao Paulo, Brasilia, Fortaleza, mais aussi d’Europe ou des Etats-Unis !
Icaraï de Amontada, une pollution locale
C’est la pire des plages de ce point de vue : le village est en bordure de plage et manifestement sert de déchetterie temporaire aux habitants qui n’hésitent pas à stocker leurs poubelles, à en brûler certaines et bien sûr tout cela à la merci du vent. Un camion passe bien de temps en temps relever le plus gros mais le filet de ces pêcheurs de saletés est plein de trous et la mer ramasse le reste.
J’ai bien essayé de savoir où étaient stockés les déchets ainsi récoltés mais la langue reste une barrière (d’autant qu’à Icaraï, l’accent est pire qu’ailleurs !). En même temps, après avoir croisé une ou deux déchetteries sur la route, il ne vaut mieux pas que je vous dise ...
Très nettement, la pollution est locale, originaire de la ville et des pêcheurs qui laissent sur la plage cordages et polystyrène devenus inutiles à la navigation.
Surfrider Foundation Europe a définitivement conquis 3 p’tits gars qui face à ce désastre, ont retroussé leur lycra et ramassé 2m3 de déchets (autant dire une larme dans l'océan).
Paracuru, et Taïba, même pollution, deux régimes différents !
La plage de Paracuru (sur notre spot de windsurf pour être précise), est un vrai lagon bleu, pas une algue pour gâcher le plaisir de se mettre à l’eau ! Mais, si on ajuste un peu ses mirettes, et le premier éblouissement passé, c’est la désolation. Les dunes sont constellées de sacs plastique, de bouteilles en verre ou en plastique, de capsules de bières ... et la plage est souillée également de cordages, sacs plastique et sacs de farine, ombrelles, tongues ...
Il est manifeste que le personnel du bar de plage n’a que faire de l’état de la plage et ne se soucie pas vraiment des déchets laissés par les clients sur la plage. J’ai même vu notre serveur ange gardien (voir l’article sur Paracuru) jeter une capsule de bière sur la plage comme on jetterait un mégot de cigarette dans le caniveau parisien (ce qui est un geste naturel pour certains et tout autant polluant, mais ici, rares sont les brésiliens qui fument).
Profitant de l’affluence du we, nous avons organisé un nettoyage de plage le lendemain de notre arrivée, un dimanche. Il y avait du monde certes, mais pas vraiment concerné : les sportifs (12 kites, 2 planches) n’ont pas eu un regard et les brésiliens ont trouvé particulièrement saugrenue notre manœuvre. J’ai d’ailleurs vu une petite fille, pendant notre « démonstration », ramasser des cailloux et rejeter à la mer les bouchons en plastique. Il nous reste un peu de com’ à faire !
Cela étant, le bilan n’est pas totalement négatif puisqu’un brésilien de Brasilia, et fan de kite, a participé de bon cœur, ayant déjà entendu parler de Surfrider Foundation (l’antenne brésilienne). Les déchets sont restés avec la banderole quelques jours histoire de marquer les esprits, avant de rejoindre la superbe benne à ordures du site, vidée le lendemain.
Il apparaît que si la pollution locale est importante et le budget de ramassage maigre (cf. corruption locale), une autre pollution en provenance de la mer est bien présente. C’est surtout à Taïba, quelques dizaines de km plus loin) que l’on s’en rend compte : la plage est impeccable, grâce au nettoyage quotidien de la municipalité mais la mer reste jonchée de sacs en plastique et autres détritus. Une enquête a été ouverte récemment pour déterminer l’origine de la mort de plusieurs tortues. Ces déchets proviennent de rejets urbains et marins depuis Fortaleza, entrainés par le courant puissant de la zone.
Sao Miguel do Gostoso, la belle
Endroit incroyable car la ville coure sur plusieurs km le long de la plage. Plage, large de près de 150m et impeccable. Pas un déchet ! La mer est belle, la plage est belle, les gens sont sympas. Les pêcheurs sont là mais on sent que le commerce est ailleurs et peu de gens se promènent sur la plage si ce n’est pour faire un jogging ou en buggy pour se rendre quelque part.
A l’endroit où nous sommes stationnés (praia da xepa), le long de la plage, deux restaurants accueillent une clientèle rare en semaine. Il y a également une sorte de petite place ombragée où les pêcheurs aiment faire la sieste avant de partir en pêche et les brésiliens pique niquer le we, sans laisser de déchets.
En outre, le lundi, un camion vient ramasser les noix de coco bues le we, le mercredi, ce sont des balayeurs qui passent et le jeudi le camion pour vider les poubelles. Il semble que la ville soit la plus attentive de notre périple pour l’instant.
Reste que la politique de protection de l’environnement est tout à fait embryonnaire, les gens ayant plutôt à l’esprit le fait que « si on met les déchets dans une poubelle, ça fait plus de travail pour celui qui les ramasse, alors autant les mettre dans la nature ». D’ailleurs les belles poubelles de tri sont toutes vides tandis que les grands bidons en plastiques bleu (sans couvercle), équivalent de nos poubelles grises, débordent.
La banderole de Surfrider Foundation Europe a flotté au vent et fait parler : certains n’appréciant pas vraiment que des étrangers viennent faire la leçon, d’autres favorables à davantage de sensibilisation sur le sujet.
Notre bilan provisoire est qu’au-delà des problèmes d’infrastructure, les gens ne semblent pas encore avoir pris conscience des désagréments engendrés par leur comportement alors même qu’ils vivent beaucoup des ressources naturelles du pays (mer, forêt, exploitations agricoles et bovines) et du tourisme lié à la mer.
A Galinhos, petit village de pêcheurs, j’ai vu un brésilien en we jouer avec un ballon qu’il venait d’acheter. Il ne s’est pas donné la peine de retirer l'emballage du ballon ni le sac plastique fourni lors de son achat : un coup de pied dans le ballon et tout s’est envolé ... dans la mer ...
Je crois que notre étape dans une école de Rio ne sera pas inutile pour alerter les jeunes générations !
Si vous voulez vous aussi vous informer et en parler aux enfants, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Surfrider Foundation Europe, vous y trouverez un tas d’activités ludiques. Allez également sur leur site www.initiativesoceanes.org pour participer à un nettoyage dans votre région.